lundi 4 juin 2012

A l'oeuvre, on connaît l'artisan
Sur le canton de Bourg-Saint-Andéol, où Pascal Terrasse
est élu conseiller général, ses affiches de campagne
ont été recouvertes de messages ironiques suite
à l'article de Médiapart.
Voilà plusieurs jours, Médiapart a mis au jour une enquête sur l'utilisation des Indemnités représentatives de frais de mandat par les députés (IRFM) dans laquelle il apparaît le nom de Pascal Terrasse, député de la première circonscription de l'Ardèche. Documents à l'appui (relevé de compte bancaire notamment), le journal internet d'Edwy Plenel, révèle que l'élu se sert de l'argent public pour s'offrir des vacances en famille, régler des dépenses personnelles (cinéma, bars, jouets, parcs de loisirs, matériels de sport, achat de musique Internet, accessoires de piscine...). Or cette indemnité qui s'élève à 6412 euros par mois est réservée aux dépenses professionnelles liées à l'exercice du mandat. Une enquête fouillée, argumentée, prouvée et signée par la journaliste Valentine Oberti. Dans cet article on apprend ainsi qu'avec son IRFM, Pascal Terrasse a réglé divers dépenses qui n'ont rien à voir avec des dépenses liées à son mandat :
- sur 4 ans, 15000 euros ont servi à payer divers voyages (Egypte, Espagne, Grèce, Sénégal...) avec femme et enfants ;
- alors qu'il dispose d'une voiture avec chauffeur au Conseil général, il verse chaque mois à sa suppléante aux élections cantonales, Brigitte Pujuguet (par ailleurs maire de Saint-Just d'Ardèche), depuis trois ans, une indemnité de 150 euros pour le véhiculer quand il est en déplacement dans le sud de sa circonscription. Curiosité relevée par la journaliste, qui s'interroge sur la nature du déplacement ? A quel titre : président du Conseil général, pour cela il a un chauffeur et une voiture à disposition ou député et là, à quoi lui sert la voiture qu'il a acheté avec son indemnité à cet usage ? Mélange des genres ? Un de ses anciens chauffeurs au Département témoigne qu'il est allé chercher à l'aéroport de Genève Pascal Terrasse avec sa famille de retour de voyage personnel.
- autre bizarrerie : il verse chaque mois 500 euros à son parti, le PS alors que selon le secrétariat du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, cette cotisation se fait à titre personnel pour pouvoir ensuite bénéficier d'une déduction fiscale (pour cotisations à un parti).
Autant de dépenses que l'élu Pascal Terrasse a bien eu du mal à justifier à la journaliste qui l'a interrogé. Ce dernier ayant même porté plainte contre le site Médiapart pour avoir publié des preuves comme les relevés bancaires. La meilleure défense n'est elle pas l'attaque ? Mais quid du fond de l'affaire ? Si l'intéressé se défend de n'avoir rien fait d'illégal, qu'en est-il sur le plan moral, éthique ? Comment justifier de telles dépenses avec l'argent public, au moment, où nombre d'Ardéchois doivent se serrer la ceinture alors qu'ils continuent à contribuer à la solidarité nationale par le biais de leurs impôts. Impôts dont l'Etat doit se montrer garant de leur utilisation ?
En Angleterre, comme le rappelle l'article, des députés et des ministres ont démissionné pour moins que ça. En 2010, un an après que le Daily Telegraph a publié le scandale des notes de frais, avec publication chaque jour de plusieurs d'entre elles, un rapport d'audit indépendant révélait que plus de la moitié des députés étaient concernés par ces demandes de remboursement de dépenses auxquelles ils n'avaient pas droit. Dans la foulée, trois élus étaient inculpés par le parquet britannique.
En France, la même chose pourrait se produire, selon l'avocat d'Anticor, l'Association de lutte contre les corruptions (en particulier des élus) s'il se saisissait de ce dossier, "s'agissant de fonds publics à destination d'un usage qui est l'exercice de la fonction de député, s'il est prouvé que l'usage est extra professionnel, alors on pourrait être dans le détournement de fonds publics".
En Ardèche, les élus du FN, ont réclamé vendredi dernier, devant le siège du Conseil général à Privas, la démission de Pascal Terrasse de tous ses mandats. L'opposition départementale menée par le centriste Jacques Dubay, réclame aujourd'hui, elle aussi des comptes à l'intéressé pouvant aller même jusqu'à un audit des comptes départementaux.
Si beaucoup voit dans cette histoire, un "acharnement" sur le député, président du Conseil général, prétextant que d'autres font la même chose, faut-il pour autant cacher cette réalité que beaucoup ne sauraient voir ?
L'exemplarité appelée par le nouveau président de la République, François Hollande ; que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a voulu imposer à chaque membre de son gouvernement ; que Martine Aubry n'a de cesse dénoncé lors des primaires socialistes, n'est-elle pas aujourd'hui bafouée en Ardèche, sans que cela ne pose aucun problème d'ordre moral à l'intéressé.
La morale, celle dont Jean de la Fontaine, a si souvent su, avec génie, mettre en musique dans ses fables. Ainsi disait-il qu'"à l'oeuvre, on reconnait l'artisan" et qu'"en toute chose il faut considérer la fin".

1 commentaire:

  1. Des gamelles et des bidons,ou "des gamelles... melles...melles et des bidons...dons...dons"

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